Nommé le 9 janvier 2023 par décret présidentiel, Alain-Claude Bilie-By-Nze est le nouveau Premier Ministre gabonais. Après plusieurs années passées au sein du gouvernement en qualité de ministre, l’élu de la province de l’Ogooué-Ivindo accède enfin à la Primature. Sa nomination à la tête de l’administration gabonaise avait été fortement saluée sur les réseaux sociaux.
Pur produit de l’égalité des chances comme il aime bien le dire, il est pour beaucoup de compatriotes l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Le très réputé média international « Jeune Afrique » lui a d’ailleurs consacré un article qui s’intitule «Dix choses à savoir sur Alain-Claude Bilie-By-Nze, nouveau Premier ministre du Gabon» . Ci-dessous l’intégralité de cet article qui nous permet d’en savoir un peu plus sur cette personnalité très appréciée des gabonaises et des gabonais.
1- Origines modestes
Fils d’une mère au foyer et d’un père fonctionnaire des Postes, Alain-Claude Bilie-By-Nze est issu d’une fratrie de seize enfants. Une extraction modeste qui lui a parfois valu d’être regardé de haut par la bourgeoisie intello-mondaine de Libreville, dont ce self-made-man n’est pas un produit. C’est aussi, semble-t-il, l’un des ressorts de sa combativité.
2 – Makokou
Il est né dans le chef-lieu de l’Ogooué-Ivindo, l’une des provinces les plus pauvres du Gabon, même si elle est connue pour abriter l’important gisement de fer de Belinga. Et c’est aussi elle qui a donné l’un de ses meilleurs scores à Ali Bongo Ondimba, juste derrière le Haut-Ogooué, lors de la présidentielle de 2016.
3 – Policier
C’est son père qui l’a poussé à intégrer l’École secondaire des cadets de la police (Escap) à Libreville. Il y obtient son baccalauréat et son matricule de policier, mais n’intègre pas les forces de l’ordre : il préfère suivre un cursus littéraire à l’Université Omar-Bongo (UOB) alors que, au tournant de 1990, le Gabon s’ouvre au multipartisme.
4 – Trublion
Le voilà bientôt sur le front de la revendication estudiantine. Avec une poignée d’amis, il lance le Syndicat des étudiants du Gabon (SEG). Son activisme est rapidement sanctionné : il est exclu de l’université et, quoique marqué à gauche politiquement, qualifié de «fasciste» par les autorités.
5 – Des bas et des hauts
Insubmersible, il excelle dans l’art du rebond. Il multiplie les petits boulots (il est animateur radio, puis clerc d’huissier), rêve de politique et se rapproche de l’opposant Paul Mba Abessole. En 2001, il décroche le poste de directeur de la Communication à la mairie de Libreville, dont son mentor vient de prendre les rênes.
6 – Communicant
Plus jeune, il a travaillé pour les agences Globule Communication et HélioSoft. Porte-parole de la présidence, il a complété son expérience en collaborant avec différentes agences de communication, telles Novacom et Majorelles, un temps chargées par le palais de soigner l’image du chef de l’État dans les médias. Il a aussi travaillé au lancement de Gabon 24 lorsqu’il était ministre de la Communication, et il est, à titre personnel, très présent sur les réseaux sociaux (il a sa même propre web TV).
7 – Bûcheron
Le premier parti auquel il adhère, c’est le Rassemblement national des Bûcherons (RNB), d’Abessole. Il y fait son apprentissage politique, mais les deux hommes se brouillent en 2009, quand son aîné choisit, à la mort d’Omar Bongo Ondimba, de soutenir la candidature d’André Mba Obame. Il rejoint ensuite le Parti démocratique gabonais (PDG).
8 – De clivant à rassembleur
Parfois clivant lorsqu’il était porte-parole du gouvernement, et d’un tempérament souvent décrit comme bagarreur, il va maintenant devoir rassembler et faire montre de ses talents de négociateur. D’autant que le chef de l’État a annoncé une concertation entre majorité, opposition et société civile en amont des prochaines élections – en tant que Premier ministre, il sera en première ligne.
9 – Animal politique
C’est un dur à cuire qui prend des risques et un tribun qui n’atermoie pas quand il s’agit de défendre les intérêts de sa famille politique. En 2016, c’est lui qui monte au créneau après la publication des résultats de la présidentielle pour assumer le processus au nom du gouvernement. Alors que la rue accuse celui-ci d’avoir faussé les résultats, il passe à l’offensive et demande des comptes à un informaticien ivoirien qu’il dit avoir tronqué le verdict des urnes au profit de Jean Ping.
10 – Méfiance
Une partie du PDG se défie de lui. Parce que c’est un transfuge de l’opposition historique incarnée par Paul Mba Abessole, mais aussi parce que son ambition – et son talent – dérangent. Ali Bongo Ondimba, lui, a choisi de lui accorder sa confiance. Il n’a pas oublié qu’en 2016, plusieurs membres du PDG réputés fidèles ont démissionné. Bilie-By-Nze, lui, a toujours joué cartes sur table. Il fait peu de doute, pour l’establishment gabonais, qu’il briguera un jour la présidence du pays. Et c’est aussi pour cela que le chef de l’État a choisi de le garder à son côté.