À la suite des propos du député français que beaucoup ont perçu comme une forme d’ingérence dans la vie politique du Gabon, aucun membre ou leadeur de l’opposition et de la société civile gabonaise ne s’est offusqué de cette immixtion. Ce qui questionne le véritable intérêt pour ces derniers de préserver la souveraineté de leur pays en dépit des querelles partisanes existant dans tout État démocratique. L’indignation serait-elle sélective au Gabon ?
Après ses affirmations mensongères et mal à propos faites le 8 juillet dernier à l’Assemblée nationale face à Jean-Yves Le Drian, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Bruno Fuchs s’est aussitôt fait rabrouer par plusieurs ministres et cadres politiques gabonais attachés à la souveraineté de leur pays. Le député français du Mouvement démocrate (MoDem) a en effet appris à ses dépens que telles invectives ne pouvaient rester sans réactions, y compris de la part des ressortissants d’une ancienne colonie dont il faut plus que jamais accepter l’indépendance.
Si le député a eu pour son compte, au point de faire profil bas depuis, regrettant sans nul doute sa fâcheuse sortie de piste, ce n’est certainement pas grâce à l’opposition gabonaise, et encore moins à la société civile qui, d’une part s’est terrée dans un incompréhensible silence ou d’autre part a vainement tenté de profiter une nouvelle fois sur l’occasion. Loin de là. Parmi les défenseurs du chef de l’État dont Bruno Fuchs prétendait qu’il n’assumait plus ses fonctions depuis 18 mois, aucun leadeur de l’opposition, pas un seul responsable d’une des organisations de la société civile que compte le pays ne s’est indigné de cette immixtion dans la vie politique du Gabon.
Pourtant, habituellement, les sorties de personnalités politiques françaises et même africaines suscitent de vives réactions de la part de l’opposition, pour peu que celles-ci soient des déclarations positives sur le Gabon ou sur ses autorités et particulièrement sur les initiatives d’Ali Bongo Ondimba. Là, opposants et acteurs de la société civile crient à l’ingérence ou au retour des sombres pratiques de la « France-Afrique ». Il est même arrivé que certains viennent à menacer de porter l’affaire en justice, à moins d’appeler à un boycott.
Questions : les propos diffamants de Bruno Fuchs vis-à-vis de la première institution du Gabon ne sont-ils pas une forme d’ingérence dans la vie politique de notre pays ? L’indignation de l’opposition et de la société civile serait-elle sélective au point qu’aucune des deux parties n’ait jugé utile de les dénoncer ? Curieuse façon de défendre la souveraineté de son pays tout de même.