En menaçant une fois de plus, une fois de trop, de suspendre les recouvrements sur toute l’étendue du territoire national, les fonctionnaires des régies financières qui sont actuellement en grève pour réclamer le paiement de la moitié de leur Prime à la performance budgétaire (PPB) de février 2021 font courir le risque à tous les fonctionnaires d’autres secteurs de toucher leurs salaires.
À quoi rime exactement la menace exhibée chaque fois par les fonctionnaires des secteurs des Impôts, des Douanes, du Trésor et des Hydrocarbures ? Pourquoi ce chantage sur les recouvrements et partant sur les salaires des citoyens gabonais, victimes d’un système que certains commencent à trouver injuste, bien qu’inexacte dans les faits ? Autant de questions suscitées par la nouvelle montée au créneau ces derniers jours par les membres de la Fédération des collecteurs des régies financières (Fecorefi) actuellement en grève.
Plus aucun trimestre ne passe sans que les fonctionnairesgabonais ne craignent pour leurs salaires. Le mois de mars qui vient de s’achever a d’ailleurs été une parfaite illustration de cette psychose savamment entretenue par les agents des régies financières. Dès le 20 mars, certains avaient laissé courir la rumeur selon laquelle les salaires ne seront pas payés cinq jours plus tard, soit le 25, comme habituellement. Il n’en a rien été.
Pourtant, le risque était réel. Mais celui-ci était couru par tous les fonctionnaires du pays, y compris ceux des régies financières eux-mêmes, rappelle un économiste. « Il faut savoir que faire peser sans cesse sur la tête des autorités la menace de suspendre aux recouvrements des impôts ou d’autres ressources dont a besoin l’État ne profite à personne, et encore moins à ceux qui bénéficient déjà de primes spéciales comme les fonctionnaires des régies financières. C’est non seulement antipatriotique, mais également mal réfléchi. D’autant plus que les mêmes qui font ce chantage sont ceux qui tomberont les premiers dans leur propre piège », développe-t-il.
En recourant sans cesse au chantage sur le paiement des salaires des fonctionnaires, la Fecorefi et ses divers soutiens ne mesurent pas véritablement le risque qu’ils font courir au pays, mais surtout l’image exécrable que leur mouvement donne à l’endroit des partenaires internationaux de l’État gabonais. De plus, le système qu’ils proposent, celui de payer la PPB proportionnellement à l’atteinte des objectifs qui leur ont été assignés, est totalement inapproprié et manque d’ambition.