La nouvelle prime spécifique et la Prime à la performance budgétaire dont les projets de décret ont été adoptés en Conseil des ministres la semaine dernière sont l’expression de la volonté des plus hautes autorités du pays, non pas de museler les syndicats des régies financières, mais plutôt de prévenir de nouvelles grèves qui coûtent plusieurs dizaines de milliards de francs CFA chaque mois à l’État.
Ces derniers mois, les administrations des Douanes, des Impôts, du Trésor et des Hydrocarbures ont été secouées par des grèves à répétition, au point que le président de la République a dû personnellement intervenir pour faire cesser ces mouvements. Récemment en effet, Ali Bongo Ondimba a instruit la Première ministre Rose Christiane Ossouka Raponda de trouver des solutions avec la principale confédération syndicale du secteur. Le résultat a été l’adoption vendredi 20 novembre en Conseil des ministres des projets de décrets relatifs à la nouvelle prime spécifique et à la Prime à la performance budgétaire.
Ces deux primes devraient notamment permettre de réduire le nombre de débrayages au sein des administrations qui en sont les principales bénéficiaires. Elles devraient surtout réduire les risques de pertes d’argent occasionnées par ces grèves. Des pertes que les autorités évaluent plusieurs dizaines de milliards chaque mois.
L’exemple le plus parlant est la dernière grève à laquelle le chef de l’Etat vient de mettre fin. Lancée le 13 juillet dernier par la Fédération des collecteurs des régies financières (Fecorefi), cettegrève aurait coûté près de 200 milliards de francs CFA de pertes en collecte de recettes, selon une estimation officielle. Il s’agirait donc de 40 milliards de francs CFA de perte mensuelle.
Secrétaire général de la Fecorefi, Sylvain Ombindha Talheywaestime d’ailleurs que ces estimations sont sous-évaluées. Pour lui, les pertes occasionnées par les grèves au sein des régies financières seraient beaucoup plus importantes à l’en croire.
« Les secteurs des Douanes et des Impôts collectent environ 2 milliards de francs au quotidien. Ce qui revient à environ 60 milliards pour ces deux secteurs seulement par mois sans compter les hydrocarbures », explique-t-il.
Perspicace, le chef de l’État a une nouvelle fois donné la preuve de ce qu’il reste maître du jeu. Sa stratégie est fort appréciée, y compris au sein des régies financières qui avaient le sentiment de ne pas être entendues. Bien au contraire.