L’opposition gabonaise continue de montrer qu’elle est à court de projets politiques sérieux et crédibles. Pour preuve, la semaine dernière, lors d’une causerie politique dans le Woleu-Ntem devant quelques militants et sympathisants de l’Union Nationale (UN), le secrétaire provincial de cette écurie politique, Jean Christophe Owono Nguema a tenu des propos xénophobes dans l’indifférence totale des cadres de son parti.
En panne d’idées et en manque de programme d’action, les cadres de l’Union Nationale sont passés maîtres dans l’art de la diversion politique. L’un d’entre eux l’a encore démontré la semaine dernière en tenant des propos jugés xénophobes.
« Quand les gens du pouvoir (…) vont venir annoncer que c’est celui qui a perdu qui a gagné, qu’est-ce qu’on fait ? C’est là où nous devons montrer que nous sommes des hommes et nous sommes des Gabonais, fiers de l’être (…) Dans le cas contraire, on se cache et on laisse le pays aux étrangers », a déclaré Jean Christophe Owono Nguema devant une poignée de militants de l’UN.
Si les ténors de l’UN n’ont pas réagi, ce n’est pas le cas d’un responsable du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) qui s’est dit être choqué, « La politique, c’est créer du commun. Unir, rassembler. Faire de telles déclarations, c’est attiser la haine. Il faut se rappeler que la violence verbale est le premier pas vers la violence physique », a-t-il fait savoir.
Des propos qui visent Ali et Sylvia
« Ces propos sont extrêmement choquants. Ils visent le président (Ali Bongo Ondimba) dont une rumeur absurde voudrait qu’il soit né au Biafra, et son épouse (Sylvia Bongo Ondimba), qui est née française, mais qui est plus gabonaise que bien des personnes ici », a indiqué un député.
Au Gabon, pour l’heure, aucune grande personnalité politique n’a encore réagi, regrette une responsable d’une organisation de la société civile. « On ne peut d’un côté s’indigner que le président tunisien tient des propos abjects contre les migrants subsahariens ou crier au racisme dans l’affaire Dina (du nom de cette étudiante gabonaise tuée il y a quelques semaines dans des circonstances troubles en Turquie), et ne rien dire quand on entend de tels propos tout simplement parce qu’ils visent des gens avec lesquels nous ne serions pas d’accord », déplore-t-elle, rappelant qu’« il n’y a pas de bon et de mauvais racisme ».
Le silence complice des responsables de l’Union Nationale
Jusqu’ici, aucun responsable de l’UN n’a pour l’heure condamné ces propos xénophobes. Ni la Présidente de ce parti, Paulette Missambo, ni Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi n’ont souhaité réagir. C’est le signe qu’ils sont tout aussi complices de ces déclarations choquantes. Du côté de la Presse occidentale, RFI et France 24 c’est aussi le silence radio. Aucun journaliste n’en parle. C’est à croire que le racisme est une géométrie variable.
Selon certaines indiscrétions, au vu de la gravité de telles propos, le Ministère public gabonais pourrait bientôt se saisir de cette affaire. Pour rappel, le racisme est sévèrement sanctionné par le code pénal de notre pays.