Les assises contre la vie chère se sont ouvertes à Libreville ce 12 avril 2023. Dans une interview accordée à notre confrère Le Nouveau Gabon, le Directeur général de la consommation et la concurrence, Luther Abouna est longuement revenu sur les raisons de la hausse des prix des produits avant de se prononcer sur ce que les populations peuvent attendre de ces assises. Ci-dessous, l’intégralité de l’interview.
Le Nouveau Gabon : Dans quel contexte se tiennent les assises contre la vie chère ?
Luther Abouna : Ces assises se tiennent selon la volonté du chef de l’État, Ali Bongo Ondimba, d’apporter des solutions aux préoccupations des Gabonais. Sous la houlette du Premier ministre et toutes les parties prenantes, cette rencontre est très importante dans un contexte mondial marqué par l’inflation.
LNG : Malgré les mesures prises par le gouvernement, la vie est toujours chère, qu’est ce qui justifie cela ?
LA : Effectivement, l’État a renoncé à certains taxes et droits pour certains produits afin de permettre aux populations d’y accéder à des prix raisonnables. Mais, nous sommes un pays structurellement dépendant de l’extérieur pour sa consommation. Vous comprenez bien qu’on subit toutes les augmentations de prix sur le plan international. Dès que ça bouge, même si les droits de douane sont zéro, forcément à l’achat, le produit sera plus cher. C’est pourquoi le gouvernement pense qu’il faut opter pour une stratégie de renforcement des besoins déjà existants. En plus de la mercuriale, il y a la subvention du blé, la subvention des carburants, la bouteille de gaz que nous payons à 5900 FCFA. Si l’État n’avait subventionné, on devrait l’acheter à 13 200 FCFA.
LNG : Les présentes assises vont-elles proposer d’autres mesures ?
LA : C’est justement ce qui est demandé aux parties prenantes. Ce sont des assises qu’il faut capitaliser. Nous devons apporter des solutions innovantes qui nous permettent de renforcer le dispositif existant pour préserver le pouvoir d’achat des ménages.
LNG : Comment ces assises sont-elles organisées ?
LA : Elles sont organisées en atelier, selon les thèmes annoncés par le gouvernement. Au total, 5 thèmes : l’alimentation et la restauration, la santé et l’éducation, le transport, la construction et le logement, la fiscalité et la parafiscalité. Depuis ce matin (12 avril 2023), il y a un engouement particulier, car toutes les tentes où se tiennent les débats affichent complet. On a enregistré 550 participants. Le Premier ministre, accompagné de quelques membres du gouvernement, a assisté aux échanges dans tous les ateliers.
LNG : Dans l’atelier alimentation et restauration, il y a des intervenants qui ont pensé que la mercuriale devrait aussi concerner les produits locaux…
LA : C’est une réflexion que nous avons déjà commencé à mener avec les services déconcentrés et les gouverneurs de provinces. Je pense qu’à l’issue des travaux, il y aura une mercuriale pour les produits locaux. Là, on est confronté à un problème, car il faudra réellement distinguer les produits faits au Gabon de ceux venant du Cameroun et qui se retrouvent dans nos marchés. Il faudra faire un bon distinguo pour qu’il n’y ait pas d’amalgame à ce niveau.
LNG : Beaucoup d’opérateurs économiques se plaignent de la parafiscalité…
LA : Il y a justement un atelier dédié à ce problème. Tous les acteurs sont là, c’est l’occasion de tout mettre sur la table. La parafiscalité c’est vrai, c’est une charge pour les entreprises. À l’issue de ces assises, l’État devrait prendre une décision pour l’allègement de la perception de ces taxes. C’est le cas des importateurs de vivres qui se plaignent de nombreuses tracasseries, c’est une problématique sur la table du gouvernement. Ce sont de faux frais qui viennent renchérir les coûts des produits qui in fine pénalisent le panier de la ménagère. C’est une problématique importante. Nous espérons qu’à l’issue de ces assises, nous aurons des mesures efficaces pour résoudre ces problèmes.
LNG : Pensez-vous qu’à la fin de ces travaux, le panier de la ménagère sera soulagé ?
LA : Sans présager de ce qui va se passer, je pense qu’au regard des discussions que nous avons eues depuis ce matin, il y aura certainement un allègement du panier de la ménagère. Nous voulons profiter de cette occasion pour remercier le chef de l’État qui a instruit le gouvernement d’organiser ces assises qui, j’espère, donneront de bons résultats.
Propos recueillis par notre confrère du Nouveau Gabon Alain Georges Banassoubek.