L’expérimentation du confinement total imposé au Grand Libreville du 12 au 26 avril a permis, selon les autorités de santé, de limiter considérablement la propagation du Covid-19. Si le nombre de contaminations connait un bon depuis quelques jours, cela aurait pu être pire si le gouvernement n’avait pas décidé plus tôt de faire appliquer cette mesure de confinement total, assurent des experts du secteur santé au Gabon.
Contrairement à la représentation que se font certains sur le passage au confinement partiel et géographique du Grand Libreville qui tire à sa fin, l’abandon du confinement total imposé du 12 au 26 avril n’est pas un aveu d’échec de la part du gouvernement. Bien au contraire. Pour de nombreux experts du secteur santé au Gabon, c’était l’une des meilleures décisions qui ont été prises par les autorités dans le cadre de la riposte contre le Covid-19.
Si l’adoption d’un confinement partiel et géographique des communes de Libreville, Owendo, Ntoum, Akanda et de la cité balnéaire de la Pointe-Denis s’est basée sur des raisons sociales et économiques, les 15 jours du confinement total ont quant à eux permis au pays d’éviter le pire en termes de contamination. Le corps médical s’accorde d’ailleurs à dire que cette stratégie gouvernementale a porté ses fruits. D’autant plus qu’elle a permis de limiter considérablement la propagation du virus pour éviter que l’entrée de l’épidémie dans sa phase communautaire actuelle ne soit plus difficile.
«Une des meilleures décisions gouvernementales contre le Covid-19»
Un infirmier au Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL) concède en effet qui «si on n’était pas passé par la phase de confinement total dans le Grand Libreville, les chiffres qui étonnent à juste titre les populations en ce moment auraient été plus difficiles à croire parce qu’on enregistrerait au moins 200, voire 400 nouveaux cas positifs à la maladie quotidiennement. Et mes collègues et moi serions débordés au moment où je vous parle».
Ainsi, le corps médical dont la tâche est devenue encore plus difficile depuis l’entrée dans la phase communautaire de l’épidémie dans le pays se demande ce qu’il aurait été si la décision de confiner totalement le Grand Libreville n’avait pas été prise.
Plusieurs provinces ont été épargnées
En décidant d’interdire la plupart des déplacements de Libreville à l’intérieur du pays, le gouvernement a réussi à limiter les contaminations dans les provinces, au point que certaines d’entre elles sont restées épargnées jusqu’à ce jour. Ne comptant aucun cas déclaré positif au virus, l’Ogooué-Ivindo, la Nyanga, la Ngounié et l’Ogooué-Lolo sont de parfaits exemples de la réussite de cette décision gouvernementale.
Face aux députés à qui il est allé présenter, jeudi 7 mai, le bilan des deux phases de l’état d’urgence et leur faire part des perspectives préconisées par le gouvernement dans la poursuite de la riposte contre le Covid-19, le Premier ministre a lui-même reconnu cet état de fait.
«Il faut admettre que la mise en œuvre de certaines mesures, notamment le confinement total du Grand Libreville, n’a pas été parfaite. Néanmoins, elle a permis d’après les spécialistes à freiner la propagation de la pandémie à l’intérieur du pays où notre système de santé est moins résilient. Le non-confinement du Grand Libreville aurait certainement empiré la situation», a déclaré Julien Nkoghe Bekale.
Comme quoi, la décision de déconfiner partiellement le Grand Libreville est loin d’être la preuve d’un échec du gouvernement qui, au contraire, a plutôt gagné son pari jusqu’ici. Il convient d’ailleurs de rappeler que le confinement total ne visait pas à stopper nette la contamination, mais plutôt à en limiter la propagation jusque dans les localités de l’intérieur du pays.