Quelques jours après les révélations de la taskforce sur les surfacturations liées aux achats de produits alimentaires effectués par le Centre national des œuvres universitaires (CNOU) ces dernières années, l’administration vient de subir d’importants changements en son sein.
La réaction des plus hautes autorités était vivement attendue. Elle n’a pas tardé, d’autant plus que le scandale avait offusqué l’opinion nationale au moment où le pays fait face à une crise économique majeure accentuée par la pandémie du coronavirus. À la faveur du Conseil des ministres du 10 décembre 2020, l’administration du CNOU a subi d’importants changements en son sein.
Près d’une dizaine d’agents ont été évincés, ainsi que de cadres. La restructuration effectuée ces dernières 24 heures touche plusieurs services allant notamment des proches collaborateurs du directeur général aux différentes délégations, en passant par services centraux, dont certains responsables ont été changés. La direction des Affaires financières et juridiques, considérée pour beaucoup comme la principale faiblesse a elle aussi subi des changements. Il faut dire que la taskforce sur la dette intérieure est passée par là.
Scandale des surfacturations
Ces dernières semaines en effet, la taskforce sur la dette intérieure mise en place en juin à l’initiative du président de la République a effectué un audit des créances du CNOU. Il est apparu de nombreuses irrégularités, particulièrement sur les factures transmises par certains prestataires de la structure, des factures pour le moins douteuses qui ont pourtant été validées par la direction générale du Centre.
Les investigations de la taskforce ont en effet révélé que près de 30 milliards de francs CFA de fausses factures émises par cinq entreprises de restauration avaient été validées et certifiées par Aubert-Aimé Ndjila, l’ancien directeur général du CNOU. Il s’agit des prestations offertes à l’Université Omar Bongo (UOB), l’Université des sciences de santé (USS), l’École nationale des instituteurs (ENI), l’Institut universitaire de sciences de l’organisation (IUSO) et à l’Institut de science de gestion (INGS).
Des incongruités qui passent mal
La taskforce sur la dette intérieure a décelé plusieurs incongruités : «un kilo de poisson était facturé entre 5000 et 10 000 FCFA ; le manioc Obamba à 900 la pièce ; une boîte de lait de marque Nido de 2,5kg à17 850 FCFA avec une commande allant de 150 à 400 boîtes par mois ; du raisin frais pour 25 500 FCFA/kg ; le sac de riz de 50kg à 50 000 FCFA ; ou encore une pomme facturée à 2 500 FCFA la pièce, etc.», rapporte, entre autres le journal L’Union, en novembre dernier.
Encore pire : les prestataires revendiquent une note exorbitante à l’État gabonais pour les prestations offertes à l’École nationale des Eaux et Forêts, où les conserves de maïs doux ont été facturées 45 millions de FCFA pour seulement 100 élèves en une année académique. Incroyable !