Le 6 mai dernier, Gérard ELLA NGUEMA a adressé une lettre à l’Ambassadeur du Gabon en France, SEM Alexis LAMEK. Dans cette correspondance, le Président du front patriotique gabonais a fait l’annonce d’une marche qui se déroulera le 24 mai prochain et qui aura pour but de manifester contre la présence des troupes françaises au Gabon mais aussi les tentatives d’ingérence de la Justice française dans les affaires gabonaises.
C’est un fait, la politique étrangère de la France en Afrique s’est totalement détériorée ces derniers mois, au point où certains diplomates parlent d’un énorme retournement diplomatique. Au Mali, en République centrafricaine, et dans d’autres pays africains, la France continue de perdre pied.
Au Gabon, c’est le Président du front patriotique gabonais, Gérard ELLA NGUEMA qui a lancé un appel à manifester le 24 mai prochain afin d’exiger le départ de l’armée française du Gabon. Il juge que la présence du 6ème Bima ( Bataillon d’infanterie de marine ) en terre gabonaise « ne se justifie pas » et que cela est « de nature à imposer le dogme de la prédominance, de l’assujettissement ».
Une marche pour denoncer l’impérialisme français au Gabon !
« Dans un pays indépendant, on ne peut pas, pour des gens qui ont encore la tête sur leurs épaules, justifier de leur présence surtout que notre pays n’est pas un pays en guerre. Notre pays n’est pas en perpétuelle difficulté. Nous pensons que cette présence forte ne se justifie pas. La présence importante, forte et massive de l’armée française ne se justifie pas. Elle nous donne le sentiment qu’elle participe de la sacralisation de la présence impérialiste chez nous. Or, nos États ont besoin de se prendre en charge eux même et qu’on arrête de nous infantiliser », a indiqué le président du Front patriotique gabonais (FPG Opposition). Cette marche pacifique partira du carrefour Camp de Gaulle, siège de l’armée française au Gabon, jusqu’à l’entrée d’Alibandeng.
Dans cette lettre, Gérard ELLA NGUEMA va plus loin en proposant une révision des neuf accords régissant la coopération entre le Gabon et la France. Pour lui, cette révision devrait s’établir sur une réelle collaboration basée sur le développement, le respect de Nation à Nation, de peuple à peuple. « Nous disons qu’il faut que cette armée parte et qu’il faut revisiter les accords qui lient nos deux Etats parce que jusqu’à ce jour, on a l’impression que ce sont les accords d’un Etat à une famille ou à un système. Or, ce sont des accords qui ne participent pas au développement notre pays », rappelle-t-il, non sans faire remarquer que « l’armée française va faire des manœuvres partout dans nos forêts » et qu’il n‘y a pas de présence de Gabonais ni d’administrations gabonaises. « Ils font ce qu’ils veulent, personne ne sait exactement pourquoi ils sont dans les forêts », ajoute-t-il.
Outre le départ des troupes françaises au Gabon, l’ingérence de la France dans les affaires judiciaires gabonaises est de trop !
Pour le leader du Front patriotique gabonais, la France ne peut plus continuer de s’immiscer dans les affaires judiciaires gabonaises. Le dernier fait en date, l’affaire Brice Laccruche Alihanga. « Qu’une juge française (Elodie Meyrianne dans l’affaire des conditions d’incarcération de Brice Laccruche Alihanga) pense jusqu’à pouvoir convoquer le président du Gabon, un Etat souverain, est totalement ubuesque, anachronique. Comme si on était encore au temps des colonies et que la France rappelait à Paris le gouverneur de l’une de ses provinces ! » , a t-il indiqué.
Toujours au sujet de cette affaire, Gérard ELLA NGUEMA va encore plus loin. « Outre l’affaire dite des biens mal acquis sur laquelle il y aurait beaucoup à dire, il y a une campagne actuellement menée à travers les médias français pour tenter d’extrader M. Brice Laccruche Alihanga, au motif soi-disant qu’il aurait des ennuis de santé. Il s’agit tout simplement d’une tentative de lui faire échapper à son procès et donc un déni de Justice. C’est comme si, aux yeux de la France, la Justice gabonaise était incapable, voire illégitime, à juger les crimes et délits commis sur son sol (…) Il n’y a qu’avec la France qu’on a ce genre de problème. Ne leur en déplaise, le Gabon n’est pas une République bananière », peste-t-il avant de lancer, en conclusion : « C’est triste à dire mais on est revenu 70 ans en arrière ! »
Une chose est sûre, le 24 mai prochain, les personnes qui seront présentes à cette marche enverront un signal fort aux autorités gabonaises et à la France. On se demande alors si le Gabon demandera aux troupes françaises de quitter le pays comme ce fut le cas au Mali.