Au sujet de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), les autorités gabonaises envisagent d’alléger les conditions jusque-là jugées aussi bien incompréhensibles qu’inadaptées à la volonté du pays à accorder plus de droits à la femme, y compris pour une question aussi sensible, voire taboue.
La fin d’un tabou
Fini le tabou lié à l’IVG, plus connu sous l’appellation « avortement ». Les autorités souhaitenten effet en finir avec un phénomène qui fait de nombreuses victimes dans le pays depuis plusieurs années, particulièrement chez les jeunes filles. En cause : le refus des familles d’aborder le sujet, en dépit des textes légaux existants.
En effet, la pénalisation de toute forme d’avortement de plusieurs années de prison ferme de la femme et du praticien a favorisé la prolifération de plusieurs filières clandestines aux conséquences insoupçonnées : un décès sur trois, faisant ainsi de l’avortement la première cause de décès maternels au Gabon. Sans oublier les nombreux cas d’infanticides et abandons de nouveau-nés. Conscient de cette situation, le gouvernement a ainsi réformé la loi en 2019.
Pour permettre de les rendre plus souples, et donc d’éviter de nouveaux décès, le Conseil des ministres du 23 mars dernier a consenti à élargir les conditions de l’interruption volontaire de grossesse. Une volonté matérialisée par le projet de loi portant modification de certaines dispositions de la loi n°006/2020 du 30 juin 2020 portant modification de certaines dispositions de la loi n°042/2018 du 5 juillet 2019 portant Code pénal en République gabonaise.
Ce qui va changer
Ce texte de loi qui sera bientôt présenté pour examen et adoption à l’Assemblée nationale et au Sénat s’inscrit dans la stratégie de promotion des droits de la femme, le nouveau texte apporte plusieurs modifications intelligentes par rapport à la loi de 2019. Des choses devraient donc changer dans les prochains mois.
Parmi elles, l’état de détresse de la femme n’aurait plus besoin d’être qualifié de « grave » ; l’exigence de l’avis du médecin pour constater l’état de détresse de la femme enceinte serait supprimée, la femme étant seule à pouvoir apprécier la réalité de son état de détresse au moment de la demande ; la possibilité de prévoir la consultation préalable obligatoire d’un professionnel de santé ainsi qu’un délai de réflexion minimum ; l’extension dans tous les cas du délai légal d’interruption volontaire de grossesse avec avis médical compte tenu de l’impossibilité de détecter certaines anomalies avant le délai de dix semaines.
À n’en point douter, le projet de loi portant modification de certaines dispositions de la loi n°006/2020 du 30 juin 2020 portant modification de certaines dispositions de la loi n°042/2018 du 5 juillet 2019 portant Code pénal en République gabonaise, vu sa portée, constitue un bon point de plus pour le gouvernement.