Si la presse du Gabon est restée jusque-là attentive au déroulé de l’enquête qui s’est ouverte le 19 septembre dernier au sujet des allégations d’abus et d’exploitation sexuels dans le pays, la presse centrafricaine quant à elle n’hésite plus à accuser les Nations unies d’avoir précipité sa décision de rapatrier le contingent gabonais de la Minusca, sans avoir eu les résultats de ladite enquête.
« Que se passe-t-il à la Minusca ? » La question revient sans cesse ces derniers jours dans l’opinion centrafricaine et les médias de ce pays en font régulièrement écho. Leur perception de l’affaire liée au rapatriement des soldats gabonais accusés d’exploitation et d’abus sexuels sur cinq filles est plutôt commune : ils estiment que les Nations unies ont pris une décision hâtive, non concertée avec les autorités gabonaisescomme convenu dans le mémorandum d’entente signé avec les différents pays engagés dans cette Mission.
Dès lors, des doutes existent désormais dans la régularité et les motivations même de cette décision. « S’agit-il d’un problème qui a trait à la géopolitique avec les Français qui veulent reprendre un dialogue constructif avec Bangui qui mettent une pression sur les Gabonais afin de quitter la Centrafrique au plus tard le 25 septembre 2021 ? » s’interroge le journal L’Expansion, qui cite « des sources concordantes ».
En RCA, la presse est unanime : au sujet du Gabon, l’ONU a pris « une décision unilatérale ». Elle critique d’ailleurs un deux poids deux mesures avec d’autres pays engagés dans la Minusca. En effet, selon nos confrères centrafricains, les soldats mauritaniens et marocains avaient eux aussi été accusés de viols et d’abus sexuels sur mineures il y a quelque temps. Pourtant, leurs contingents n’avaient pas été exclus.
À Bangui où les enquêteurs gabonais sont arrivés pour faire toute la lumière sur cette affaire, certains ne doutent plus que le contingent gabonais, qui a passé 25 ans sans discontinuer au sein de la mission, est victime d’une injustice. Beaucoup assurent que les ONG ayant recueilli les témoignages des cinq victimes présumées se sont elles-mêmes laissées abuser pour des raisons pécuniaires. Ce ne serait pas la première fois que ça arrive. Espérons néanmoins que cette affaire sera rapidement tirée au clair.