Vivement critiquée sur les réseaux sociaux depuis quelques heures, la disposition introduite dans le projet de loi de finances rectificative 2020 relative à l’instauration d’une taxe de 2% sur les retraits numéraires dans les banques à partir d’un million de francs a pourtant du bon : elle permettra d’inciter les usagers des banques à préférer les transactions non matérielles à l’argent en espèce dont la manipulation constitue un risque sanitaire notamment avec la propagation de la Covid-19.
Introduite dans le projet de loi de finances rectificative 2020 adopté vendredi dernier en Conseil des ministres, la taxe sur les retraits numéraires à partir de 1 million de FCFA mensuel auprès des établissements de crédit est loin d’être un projet des autorités gabonaises pour asphyxier les usagers des banques. Bien au contraire. Selon des analystes économistes qui l’ont plutôt bien accueillie, cette nouvelle taxe, si elle est adoptée, permettrait trois choses : lutter contre la propagation de la Covid-19, lutter contre la fraude et accélérer la transition vers l’usage de l’argent non matériel.
Une façon de lutter contre la Covid-19
Si cela n’apparaît pas directement aux yeux de plusieurs internautes qui dénigrent l’initiative des autorités, l’instauration d’une taxe sur les retraits numéraires dans les banques dans le contexte de crise sanitaire actuelle contribue à y faire face. En effet celle-ci permet de lutter contre la propagation du coronavirus en rendant les transactions financières moins dépendantes au cash.
En effet, des études scientifiques l’ont prouvé au début de la pandémie : les billets de banque et les pièces de monnaie sont des vecteurs de propagation de maladie, comme la Covid-19. La taxe ainsi mise en place permettrait d’en limiter l’usage au profit des chèques, virements bancaires et des paiements électroniques.
Un rempart contre la fraude
Constituant un risque sanitaire avéré, l’usage de l’argent en espèces facilite également l’activité économique informelle, l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent, rappellent des certains qui y voient un frein au développement du pays.
Aussi, la nouvelle taxation permettra-t-elle d’avoir une meilleure traçabilité des transactions économiques. C’est dans le même objectif qu’a été adopté l’article 55 de la LFR qui dispose qu’«en République gabonaise, toute transaction d’un montant supérieur à 5 millions de FCFA ne peut s’effectuer en espèces [mais] par tout autre moyen de paiement notamment par virement bancaire, par chèque de banque ou porte-monnaie électronique».
Les banques et les opérateurs de téléphonie mobiles sollicités
Pour rendre effective sur le terrain cette transition vers l’usage de l’argent immatériel au Gabon, les autorités comptent sur les maisons de téléphonie mobile et sur les établissements bancaires. Les premiers ont été mis en demeure par le gouvernement de mettre en place l’interopérabilité complète de leurs systèmes de paiement respectifs dans les cinq mois à venir.
Le gouvernement attend en effet de ces opérateurs qu’ils permettent à leurs abonnés de faire des transactions entre leurs différents porte-monnaie électroniques, mais également avec les banques. Il s’agira notamment pour eux d’augmenter considérablement le champ des transactions possibles.
Pour les seconds, les banques, des sources au ministère de l’Economie et des Finances laissent entendre que des négociations seront bientôt menées, notamment avec l’Association professionnelle des établissements de crédit. Objectif : faire baisser les commissions pratiquées sur certaines transactions ou prestations (virements, retrait d’argent, impressions de relevés de compte, ouvertures de comptes).