Face à la pandémie de la Covid-19 qui a un impact sur ses recettes budgétaires d’une part, et la nécessité d’en finir avec l’informel en faisant contribuer davantage le secteur privé d’autre part, les autorités gabonaises ont fait le choix de mettre en place de nouvelles taxations dans le but d’élargir l’assiette fiscale de l’État. L’un des objectifs étant de réduire la dépendance du pays au pétrole.
Bien que contraignantes à première vue, les nouvelles dispositions apparues ces derniers jours dans le Projet de loi des finances rectificative 2020 (PLFR) sont une aubaine pour l’économie gabonaise qui subit les conséquences de la pandémie de la Covid-19 depuis plusieurs mois, même bien avant la déclaration du tout premier cas dans le pays, en mars dernier. Pour des experts du secteur de l’économie et des finances, ces dispositions, allant de la taxe de 2% sur les retraits en numéraires auprès des établissements de crédit à l’interdiction des retraits de 5 millions en cash, en passant par la fiscalisation des opérateurs et travailleurs étrangers ont un objectif unique : l’élargissement de l’assiette fiscale, donc de permettre à l’économie de se porter moins mal après la crise actuelle, tout en assainissant le secteur privé.
Tout en répondant aux exigences du moment, avec notamment la digitalisation des transactions financières à travers le monde, le PLF 2020 concède en effet une innovation non négligeable en introduisant des dispositions qui devraient permettre à l’État d’élargir considérablement son assiette fiscale, de mieux réguler l’économie et de réduire sa vulnérabilité aux fluctuations de prix des matières premières exportées. Alors qu’il était attendu une croissance économique de 3,8% en 2020, le Gabon risque en effet d’entrer en récession, selon des experts qui approuvent l’initiative du Conseil des ministres du 12 juin dernier d’acter ces nouvelles dispositions dans le PLFR.
Parmi ces innovations, l’on compte, entre autres la fiscalisation des opérateurs et travailleurs étrangers. L’article 182 dispose en effet que «les opérateurs économiques étrangers, autoentrepreneurs, devront prouver s’être immatriculés fiscalement et avoir payé une avance sur leur patente ou impôt synthétique libératoire (ISL), en lien avec l’activité qu’ils déclarent exercer», indique une source au ministère de l’Économie et des Finances.